Le jeu vidéo est une transformation du jeu dans le sens du travail. L’unité du processus et des liens vivants qui soutenaient l’activité ludique est dissoute au profit d’une atomisation et d’une rationalisation fondée sur le calcul, sur la séparation des tâches et la spécialisation des sujets préposés à ces tâches. Le joueur est devenu l’opérateur d’un programme. Mais contrairement à ce qui prévaut dans le monde du travail, la soumission est ici non seulement vécue, mais désirée : alors que l’ouvrier éprouve la contrainte de la machine, le joueur de jeu vidéo s’imagine aussi libre qu’un musicien virtuose. Cela résulte de ce que le jeu vidéo réalise une synthèse inédite du spectacle et du travail automatisé.
« Les partisans du métavers souhaitent, consciemment ou non, que l’utopie disciplinaire du jeu vidéo soit transposée dans la vie » : tribune de Douglas Hoare dans Le Monde [25 septembre 2022].